C’est bien connu, rien de tel pour légitimer un film de série B que d’expliquer aux snobs ses strates contestataires ou vitriolées : par le petit bout de la lorgnette d’un thriller ou d’un film d’horreur, on aborderait ainsi, par les masses et pour elles, ce que le blockbuster s’interdit depuis longtemps. Get Out a le mérite de ne pas prendre de détour sur ce sujet : pas de hasard, pas de coïncidence, pas de métaphores voilées : il traite du racisme viscéralement.

Une réussite à l'ancienne, digne d'un épisode de la Twilight Zone, matrice d'à peu près tous les films de genre qui sont sortis depuis les années 60. Pas de "jump scares", ces insupportables machins qui surgissent dans l'écran accompagnés d'un effet sonore assourdissant. Non. Du suspense. Devoir s'identifier à un personnage qui n'a pas compris dans quel genre de film il se trouve, c'est agaçant bien sûr - d'où le titre ironique! - , mais ça crée la tension recherchée. On peut avoir.

Wahou ! C'est que c'était bien, finalement, Get Out ! Behind est soulagé car il craignait d'avoir payé sa place pour un pamphlet politique qui aurait dépassé son genre de départ, que le masqué apprécie beaucoup. Mais non, heureusement, Jordan Peele n'emprunte pas ce genre de simplisme bien pensant, cette posture évidente, malgré quelques lignes de dialogue un.

Difficile en ce moment de passer à côté de Us, le dernier échantillon cinématographique de Jordan Peele, qu'on se le dise. Le garçon balade son film de partout, que ce soit sur les réseaux sociaux, les médias, ou les affiches publicitaires, on ne peut rater l'événement. Et comme souvent, je n'avais pas pris le temps de regarder Get Out, film.

Le titre de la critique doit être entendu au second degré – comme un spoiler (mais qui ne révèlerait rien du contenu et qui ne porterait que sur la tonalité à la fois ironique et "politique" du film), comme un résumé, une synthèse de tous les stéréotypes "positifs" véhiculés sur les noirs et qui sont ici finement mis à mal. Le prologue, très réussi, qui restera longtemps très.

Des bienfaits de ne pas trop se renseigner sur un film. Je suis allée voir Get out en pensant qu'il s'agissait d'une comédie, portant sur le racisme aux Etats-Unis. Pas sûr que le terme de "comédie" soit le plus approprié. En tout cas, j'ai bien fait de ne pas plus me renseigner sur ce film. Si je peux vous donner un conseil: ne lisez rien à son.

Get out est un sacré bon petit film de genre qu'on peut voir comme une métaphore de l'esclavage, mais surtout, de l'instrumentalisation des populations afro-américaines pour le bénéfice d'une société bourgeoise libérale dont il dénonce l'hypocrisie. Les méchants ne sont pas d'horribles nazis rednecks, ou votant Trump mais des libéraux démocrates; des gens dont on pourrait dire qu'ils sont du.